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    • Olivier LOUVEL Trio + Alex TASSEL à Caen

      Un jazz hot en couleurs.

      10 JANVIER 2016     JEAN-LOUIS LIBOIS


      Il y a des artistes qui se définissent, à l’instar de leurs pairs dans l’histoire des arts en Occident jusqu’à la fin du 18ème siècle, à la manière des artisans (“Connait-on le nom des auteurs de la cathédrale de Chartres ?” s’étonnait un jour le cinéaste I. Bergman) et d’autres qui depuis lors prennent la pose de l’artiste-auteur. À cette mode on doit ainsi des metteurs en scène plus grands que les dramaturges, des chefs d’orchestre plus beaux que les compositeurs et tutti quanti.

      Et puis il y a ceux enfin, nos contemporains, qui sans l’avoir nécessairement cherché s’efforcent de maintenir l’équilibre entre les deux. Au service du collectif ou d’autres interprètes parfois et parfois œuvrant pour leur propre compte.

      Tout cela pour dire que le guitariste Olivier Louvel appartient à cette catégorie, ne le privant en rien des délices de la création personnelle.
      Des centaines de collaborations à la scène ou au disque ; et fort de cette endurance, seulement cinq albums à son nom propre. Le dernier en date “Tangerine sparkle” a fait l’objet d’un concert dans les foyers du Théâtre de Caen. En trio avec Gilles Coquard à la contrebasse et Nicolas Vicarro à la batterie, Olivier Louvel avait pour invité celui qui figure également dans ce dernier album, le trompettiste Alex Tassel.
      Entre minimalisme et saturation, le guitariste déploie une palette sonore d’une grande richesse et d’une grande sensibilité. Cette volonté passe par une recherche constante d’un équilibre qui ne génère d’ailleurs aucune tension dans l’inspiration mais au contraire qui débouche sur une invention d‘un univers formel sensible. La référence assumée de cet album aux couleurs est certes l’occasion d’une belle variété de climats sonores mais est aussi prétexte à de micro-récits ; nous rappelant que la musique du trio n’oublie jamais l’horizon mélodique. Et que, de ce fait, elle ne perd jamais de vue non plus son auditeur. A ce titre la composition “Black jet” est exemplaire. Inspirée d’un souvenir d’enfance de corbeaux noirs se jetant tête baissée vers le sol avant de reprendre leur vol in extremis est particulièrement riche d’images suscitées par la palette sonore du guitariste. Ces volatiles semblent tout droit sortis du film « Rêves »(1990) d’Akira Kurosawa lorsqu’il anime sous nos yeux le tableau de Van Gogh célèbre pour ces mêmes corbeaux en présence du peintre lui-même dans le tableau (interprété par Marin Scorsese). 
      Les couleurs, les sons, les images composent un univers tour à tour harmonieux et dissonant servi par les deux musiciens complices du trio et par les interventions venues d’ailleurs par l’entremise du bugle d’Alex Tassel. Ces dernières ajoutent une touche d’émotion à ce bouquet final en forme de quartette.



    • Chronique Jazz Mag (décembre 2015)

      ****

      Grâce au premier morceau éponyme, on entre en pente douce dans «Tangerine Sparkle ».

      On goûte ce sens de la retenue, l’attention particulière portée au son.

      On prend le temps d’admirer ces jeux d’ombre et de lumière, de mesurer la place généreuse laissée au silence.

      Cette musique respire sans se donner des grands airs.

      Olivier Louvel n’est pas là pour réécrire les tables de la loi du power trio mais pour faire surgir de sa guitare un maximum de couleurs, sans effets de manche.

      Ses subtiles dentelles électriques (superbe improvisation dans Jet Black) se marient idéalement avec la contrebasse veloutée de Gilles Coquard et la batterie sensible de Nicolas Viccaro.

      Sherwood Green fait entrer l’auditeur dans une autre dimension avec l’apparition du bugle lunaire d’Alex Tassel.

      « Tangerine Sparkle » n’est pas un disque de guitariste mais bien celui d’un trio, augmenté quand et comme il faut par des invités dont la palette sonore est aussi riche que celle de leurs hôtes.

      Recommandé.

       Julien Ferté.



      GUITARIST MAGAZINE (NO 271) novembre-decembre 2013




    • BASSISTE Magazine (No 47) Mars-Avril 2013
    En marge de collaborations tous horizons au plus grand niveau, Olivier Louvel a réalisé plusieurs albums sous son nom dont cet Animal Pop, constitué d’instrumentaux et de morceaux chantés (par Bendik Hofseth et Yannick Boudruche) qui reflètent bien son éclectisme farouche. Epaulé par des partenaires de choix comme le compositeur-saxophoniste-chanteur norvégien Bendik Hofseth, le batteur André Charlier et le claviériste Benoit Sourisse, le guitariste compositeur nous emmène  avec beaucoup de finesse et sans jamais tomber dans le piège de la démonstration vaine à travers des paysages très contrastés, dépeints par des harmonies subtiles et des mélodies délicates.

    Pour tenir sa base, il fait appel a Gilles Coquard, un complice de longue date, (notamment dans le Supercolor Tryphonar) qui met ici sa science du contrepoint et sa maitrise des textures sonores au service de l’ensemble avec, entre autre, cette utilisation mesurée et pertinente de la fretless. Ecoutez, par exemple, les très fusion « Dino » ou « Apple red » ou la ballade « Western Inc. ». Un animal qui ne s’apprivoise pas au premier contact mais qui deviendra vite un compagnon irremplaçable. ( Paolo Coccina )



    • PORTRAIT JAZZ MAG  No 642 (Octobre 2012 ).

    • Olivier Louvel « Guitar colors »
    • « La musique est d’abord un plaisir : ce n’est pas par hasard si l’on dit que l’on en joue… »
    • Moins médiatisé que certains de ses confrères, Olivier Louvel est pourtant l’un des guitaristes les plus actifs et les plus prisés de la scène française. Et son horizon s’étend bien au-delà du jazz, comme en témoignent son parcours et son nouvel album. Par Félix Marciano. Olivier Louvel est un passionné de musique. Et de tout ce qui s’y rapporte. Sa douillette maison de Seine et Marne regorge d’ouvrages spécialisés mais aussi d’instruments, d’amplis et de pédales d’effets qu’il collectionne en expert. « J’adore les guitares vintage. J’en achète et j’en revends régulièrement, selon mes envies… et mes moyens ! » explique-t-il en exhibant ses plus beaux modèles, un sourire gourmand aux lèvres.Au-delà des objets, Olivier Louvel collectionne surtout les collaborations. Dans tous les genres, ou presque. Ainsi, en une vingtaine d’années, on l’a entendu aux côtés d’artistes aussi divers que David Linx, Eric Lelann, André Manoukian, Geoffrey Oryema,  Stephano Di Battista, Didier Lockwood, Guy Marchand, Ibrahim Mallouf, Billy Cobham, Georges Moustaki, Laurent Cugny, Touré-Touré, Stéphane Huchard ou encore Eric Seva pour n’en citer qu’une infime partie. Et on le retrouve sur une bonne soixantaine d’albums. De fait, à près de 48 ans, le guitariste normand  peut se targuer d’avoir un parcours riche en rencontres et en expériences.
    • De Pink Floyd à ECM
    • « J’ai baigné très tôt dans la musique, grâce à mon père, qui était prof de physique mélomane, féru de jazz et de Léo ferret. A Caen, où j’ai grandi, il avait fondé une association, Caen Jazz Action, qui organisait des concerts, ce qui m’a permis d’écouter de nombreux musiciens. J’ai commencé à apprendre la guitare à dix ans ; c’est Dominique Voquer, une figure locale, qui m’a donné envie de jouer ». Ouvert à tous les styles, il écoute aussi bien du free que du blues, du rock, de la pop de la musique brésilienne,  et de la fusion. « J’adorais Santana, David Gilmour et Larry Carlton, dont j’adorais le toucher ; des influences dont je garde des traces dans mon jeu. On me dit même parfois que j’ai gardé un côté Gilmour dans mes choris ! Et j’ai Mais j’ai aussi très vite été subjugué par les climats éthérés et nostalgiques des productions ECM. »Dès l’adolescence, il joue en en groupe. « J’ai fondé mon premier groupe, Liqueur de feeling, à onze ans. Puis un deuxième, Sunset Blues Band, avec un ami fondu de blues. Un peu trop fondu, même… J’ai réalisé que l’intégrisme en musique ne m’intéressait pas, et je suis passé à autre chose. »
    • French guitarists
    • En 1984, alors qu’il fait la manche à la guitare à Biarritz pendant ses vacances, Louvel croise Jean-Marie Ecay. « Il a débarqué dans un bar où des musiciens jouaient. Je me demain dis qui était ce type habillé tout en cuir avec une coupe iroquois rouge. Mais dès qu’il a joué Spain, j’ai compris ! J’étais halluciné ! Très sympa, il m’a montré des trucs et donné des conseils. » Cette rencontre est décisive. Car quand il arrive à Paris, quelques années plus tard, après ses études de physique et d‘acoustique, Louvel reprend contact avec Ecay qui l’introduit dans le milieu. « A cette époque, après avoir enseigné les maths et la physique pendant un an, je travaillais en tant qu’ingénieur du son à la télé, pour le journal de six minutes sur M6, ce qui me laissait beaucoup de temps pour la musique. J’ai ainsi fait la connaissance de Louis Winsberg, qui m’a beaucoup encouragé et qui est devenu un ami. J’ai rencontré Sylvain Luc tout à fait par hasard, dans un magasin Sylvain Luc ; c’est lui qui m’a abordé alors que je jouais un morceau d’Allan Holdsworth. Il m’a dit : « C’est super, mais je crois qu’il le joue autrement. Il a pris la guitare et j’ai pris une claque ! Ensuite, il est venu chez moi prendre un verre et m’a joué Petit Papa Noël à sa façon… »
    • Sur les routes
    • Au début des années 90, avec son groupe Inlandsis, il gagne le prix du Concours des jeunes créateurs, ce qui lui permet d’enregistrer un premier album avec Sylvain Beuf et de se faire remarquer. Un jour, Ecay lui propose un remplacement avec Safy Boutella, un compositeur algérien. « Je ne le connaissais pas du tout. J’ai vu débarquer chez moi ce grand type très impressionnant, qui dégageait un fort magnétisme. Tout de suite, il m’a fait écouter son album sans un mot puis il m’a demandé si j’étais capable de tout rejouer dans quatre jours ! C’était un boulot dingue, mais j’ai accepté pur ne pas laisser passer cette occasion unique ! J’ai travaillé non stop pour apprendre des morceaux complexes, avec des mesures en 19/16 par exemple. Et je me suis retrouvé sur scène avec Nana Vasconcelos à New-York, Montréal… Le rêve ! » C’est dans ce projet qu’il rencontre Karim Ziad et Youcef Boukela, qui l’initient aux rythmes du Maghreb et qui l’entraînent dans ce qui deviendra l’Orchestre National de Barbès. « Un groupe extraordinaire, où j’ai appris beaucoup en voyageant énormément ; en six ans, nous avons fait plus de 500 concerts, partout dans le monde ! C’est l’ONB qui m’a ouvert aux musiques du monde. » Olivier Louvel se met ainsi à parcourir la planète. Au total, j’ai joué dans une centaine pays, notamment avec Antoine Illouz, en Afrique, en Asie, en Amérique du sud. Ce qui m’a permis de découvrir d’autres musiques, d’autres instruments… » C’est cette ouverture qui lui permet d’ailleurs de s’épanouir dans le milieu de la world music, et on le retrouve aux côtés d’artistes comme Alma Rosa, par exemple.
    • Couleurs personnelles
    • Si Olivier Louvel enchaîne les formations en tant que sideman, il garde du temps pour ses projets personnels. « J’ai toujours composé, dès mes premiers groupes. Même si j’improvise beaucoup, je ne me considère pas comme un jazzman, je n’ai jamais vraiment travaillé les standards ; je suis naturellement attiré par les projets à répertoire original. J’ai toujours eu du mal du mal à me situer, entre jazz, rock, pop ; j’ai une culture fusion. »En 2003, il enregistre un premier disque sous son nom « En attendant Julia ». L’occasion de développer ses multiples facettes en combinant jazz, folk, rock et pop dans un cocktail très personnel, avec des harmonies subtiles, des mélodies délicates et des sonorités travaillées. Une démarche qu’il prolonge en 2005 avec « Snoo » et en 2012 avec « Animal Pop », un album chanté, résolument multicolore, marqué par la présence de Bendik Hofseth, le compositeur-saxophoniste-chanteur norvégien. « Je connaissais sa production personnelle depuis longtemps, et quand on m’a donné l’occasion de monter un projet spécial pour un festival, j’ai pris contact avec lui. J’ai fou de joie quand il a accepté ! Et plus fier encore quand il m’a demandé d’enregistrer avec lui ! J’adore son univers. C’est un musicien complet, et un producteur incroyable, qui a réussi la synthèse de tout ce que j’aime. C’est un bonheur et un honneur de jouer avec lui… » Pas de doute : avec une passion intacte et les oreilles toujours grand ouvertes, Olivier Louvel a encore beaucoup à dire…
    • Felix Marciano (Jazz Mag )
    •  « Avec l’aimable autorisation de Jazz magazine »

 

 


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