Le bois

LES DIFFERENTES ESSENCES :

– AULNE (Alder – densité 0.5 à 0.55): Bois clair utilisé pour les corps de guitares solid-body. Il s’agit du bois que l’on retrouve le plus fréquemment sur les Fender Stratocaster. Ce bois est assez neutre et n’influe pas fortement sur le caractère sonore de la guitare. Il apporte un bon compromis entre sustain, brillance et précision du son.

– PEUPLIER (Poplar – densité 0.5) : Utilisé pour les corps de guitares solid-body. Ce bois clair est assez comparable, dans ses caractéristiques, à l’aulne. Il présente toutefois, en règle générale, une densité un peu moins importante, et est moins coûteux que l’aulne. On retrouve souvent ce bois sur les productions mexicaines et asiatiques de Fender.

– ACAJOU (Mahogany – densité 0.55 à 0.80) : Ce bois exotique, relativement clair et de teinte parfois rougeâtre, est très employé en lutherie, pour la réalisatrion des corps mais aussi des manches de guitares. L’acajou est un bois de densité relativement importante, qui donne des sonorités rondes, profondes et chaudes associées à un fort sustain. Revers de la médaille, l’acajou procure une intonation beaucoup moins nette que la plupart des autres bois utilisés en lutherie, avec un son peu brillant et relativement peu précis. L’acajou se retrouve donc fréquemment sur des instruments dédiés au blues et au rock, où la chaleur du son, sa profondeur et le sustain font des ravages. Ce bois est, par exemple, utilisé dans la fabrication des corps et des manches des Gibson SG et Les Paul (à noter que la Les Paul possède en plus une table en érable).

– KORINA (densité 0.45 à 0.65): Il s’agit en fait d’une variété d’acajou à la teinte tirant sur le « miel ». Les caractéristiques sont semblables à celles de l’acajou.

– TILLEUL (Basswood – densité 0,55 à 0,6) : Ce bois relativement peu coûteux présente de bonnes qualités acoustiques et est utilisé pour la fabrication des corps de guitares solid-body. Un peu moins dense que l’acajou, il présente toutefois de bonnes qualités de sustain, tout en procurant une intonation un peu plus claire que l’acajou.
Surtout, au niveau sonore, le caractère du tilleul reste relativement neutre (pas tout à fait autant, cependant, que l’aulne et le peuplier).
On distingue deux sortes de tilleul : le tilleul européen (plus neutre) et le tilleul américain (se rapprochant un peu plus de l’acajou au niveau des caractéristiques acoustiques).
Ce bois est assez tendre et marque facilement : mieux vaut lui éviter les chocs.

– FRENE (Ash – densité 0,65 à 0,75) : Ce bois clair et veiné est utilisé pour les corps de guitares solid-body. Il procure une attaque très franche, avec un son clair et très claquant. Le sustain est par contre relativement limité. C’est le frêne qui a donné ses lettres de noblesse à la mythique Fender Telecaster, conférant aux modèles des années 50 ce fameux son sec reconnaissable entre 1000, marque de fabrique des Keith Richards et autres Bruce Springsteen. Les Telecaster standard sorties depuis présentent plus souvent un corps en aulne, qui gomme en partie le caractère « à l’emporte pièce » de cet instrument, mais on retrouve des corps en frêne sur certaines rééditions (Telecaster Reissue 1952) et sur certaines séries spéciales (Telecaster et Stratocaster Lite Ash, par exemple).
A noter également qu’il existe plusieurs sortes de frêne, avec notamment des différences d’ordre esthétique. Par exemple, le frêne des marais (un des plus recherchés) possède des veines très marquées. Selon les types de frêne, la densité peut également varier.

– ERABLE (Maple – densité 0.55 à 0,84) : Ce bois est utilisé dans la fabrication des manches, des touches, et des tables de guitares électriques solid-body. L’érable est un bois rigide et assez dense (quoiqu’il en existe plusieurs catégories de densités différentes) et il conduit particulièrement bien les vibrations, d’où son utilisation très fréquente dans la fabrication des manches.
On le retrouve aussi au niveau des touches. Certains manches dits « maple neck » ne possèdent pas de touche rapportée : le manche et la touche sont faits d’un unique morceau d’érable. D’autres manches sont dotée d’une touche en érable rapportée (touche collée sur le manche). Les touches en érable apportent une intonation claire et claquante, qui renforce le caractère de certaines guitares (Le son sec des Telecaster, ou le son clair et cristallin des Stratocaster, par exemple, se trouvent renforcés par la présence d’une touche en érable. A noter que les touches érable sont toujours vernies, sans quoi elles se dégraderaient rapidement.
L’érable est également utilisé pour les tables d’harmonie des guitares électriques solid-body. Je rappelle au passage que dans ce cas, la table est superposée au corps, fabriqué généralement dans une autre essence. Ainsi, les caractéristiques des deux bois utilisés s’associent. L’utilisation d’une table en érable permet une excellente propagation de la vibration, et donne une intonation plus claire et plus précise.
La guitare dotée d’une table érable la plus populaire est la Gibson Les Paul (corps + manche en acajou et table en érable). La table en érable permet de profiter des avantages de l’acajou tout en supprimant ses défauts. Ainsi, on bénéficie de la chaleur, de la profondeur, de la rondeur et du sustain de l’acajou, tout en profitant de l’intonation claire et précise propre à l’érable, qui compense le manque de brillance et de précision de l’acajou. Magique !
A noter qu’il existe plusieurs sortes d’érables, de densité et de dureté différentes. Selon les essences, il existe aussi d’importantes différences d’ordre visuel. Ainsi, les érables flammés (ou ondés), pommelés ou mouchetés (bird’s eyes) apportent un aspect « en relief » et sont souvent employés pour la fabrication des tables. Par contre, ces essences sont évidemment plus coûteuses.

– PALISSANDRE (Rosewood – densité 0.85 à 1) : Ce bois foncé très dense et très dur, est utilisé pour la fabrication des touches. Sauf de rares exceptions (notamment Rickenbaker), les touches en palissandre ne sont jamais vernies. La densité du bois empêche en effet toute imprégnation par la sueur.
Certains corps de guitares ont été fabriqués en Palissandre, mais cette utilisation reste rarissime. Au niveau des avantages, un sustain impressionnant. Au niveau des inconvénients, un poids absolument monstrueux (certains palissandres sont sont tellement denses que, comme l’ébène, ils ne flottent pas !)

– EBENE (Ebony – densté 0,95 à 1,25) : Ce bois très foncé, gras et extrêmement dense est utilisé pour la fabrication des touches. Encore plus dense que le palissandre, il procure un toucher exceptionnel et confère au son une chaleur et un sustain incomparables. L’ébène est très résistant et ne pose aucun problème d’usure, ni d’imprégnation par la sueur (il n’est donc jamais verni). Une des particularités de l’ébène est de ne jamais sécher complètement.

* LE SECHAGE :

Encore un chapitre important, car le meilleur bois du monde ne donnera pas des résultats satisfaisants s’il n’est pas convenablement séché.
La qualité du séchage conditionne les qualités sonores du bois, mais aussi son vieillissement et sa stabilité.
On distingue deux techniques de séchage :
– Le séchage naturel : Dans ce cas, les planches sont solidement calées, afin d’éviter toute déformation, et sont « oubliées » là, dans un endroit sec, plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années (plus le séchage est long, mieux c’est !)
Le séchage naturel est le plus complet, et il évite au bois de travailler trop rapidement. Un tel séchage garantit donc une qualité optimale, mais il a aussi un prix ! En effet, stocker du bois durant des décennies sans y toucher, ça demande beaucoup d’espace, et ça coûte cher ! Ces bois sont donc réservés à des instruments haut de gamme et très haut de gamme.
– Le séchage à l’étuve : permet un séchage très rapide, mais moins complet. Le résultat est donc moins bon qu’avec un séchage naturel, que ce soit en termes de sonorité ou en termes de stabilité. Cette méthode est utilisée pour les instruments de bas et de milieu de gamme, voire même parfois pour des instruments relativement haut de gamme.

* LA COUPE :

Là encore, aussi bon que soit le bois au départ, de la façon dont il a été coupé dépend fortement le résultat final.
Je ne détaillerai pas toutes les techniques de coupe, car cela serait long, ennuyeux, et nécessiterait force schémas, mais il faut savoir que, forcément, lorsque l’on débite un tronc d’arbre, selon la partie que l’on coupe, tous les morceaux n’auront pas la même dimension, ni la même qualité au niveau de l’alignement des fibres. Or, on essaye toujours d’avoir le moins de chutes possible et tous les morceaux sont utilisés…
Ainsi, les corps des meilleures guitares seront construits en un ou deux morceaux, tandis que des guitares plus bas de gamme seront construites en 3, 4, ou 5 parties.
Pour un rendu optimal, les fibres du bois doivent également être bien alignées (et à plus forte raison pour les manches !) ce qui dépend directement de la coupe.
Encore une fois, les meilleurs bois se payent, car les meilleures coupes engendrent aussi davantage de chutes…

* MANCHE COLLE OU VISSE

La différence est assez simple :
– Avec un manche vissé : le manche n’est pas vraiment solidaire du corps, et les vibrations du manche se transmettent plus difficilement au corps. Aussi, le sustain s’en trouve amoindri et le son « claque » un peu plus. Un manche vissé a aussi un gros avantage pour les bricoleurs : il est démontable.
– Un manche collé est solidaire du corps de la guitare, et les vibrations se transmettent beaucoup mieux du manche au corps. Aussi, le gain en sustain est loin d’être négligeable !
Un manche collé permet aussi un assemblage extrêmement précis et définitif. Aussi, bien souvent, les guitares à manche collé présentent des réglages d’action optimum que l’on a parfois du mal à atteindre avec un manche vissé.
Seule petite (toute petite) ombre au tableau : le manche n’est pas démontable.
– Le manche conducteur : Dans ce dernier cas, le manche traverse le corps de la guitare. Ainsi, on a la meilleure transmission possible des vibrations. En revanche, les essences composant le corps influencent un peu moins le rendu final.

* L’INFLUENCE DE L’ELECTRONIQUE :

Evidemment, les bois font une partie du son et du caractère d’une guitare électrique, mais c’est l’électronique qui fait l’autre !
Mais quels que soient les micros, leur rendu est toujours conditionné par les bois utilisés et l’architecture de la guitare.
Ainsi, quels que soient le micros que l’on y monte, une Les Paul sonnera toujours Les Paul… Avec des variantes, certes, mais en gardant une grosse partie de son caractère !
Et cela parce que les bois utilisés sur une Les Paul sont loin d’être neutres !
En revanche, en remplaçant les micros sur une guitare à corps en peuplier et à manche érable vissé (par exemple), le changement de sonorité sera beaucoup plus flagrant…


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